Comment aider vos résidents à optimiser leur consommation énergétique ?

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Optimiser la consommation énergétique des ménages, c’est bien plus qu’une simple question d’économies. Pour les chargés de Développement Social et Urbain (DSU), c’est un levier puissant pour aider les foyers à augmenter leur pouvoir d’achat, lutter contre la précarité énergétique et, in fine, contribuer à une société plus durable. 

Mais comment accompagner au mieux les familles dans cette transition ? Quels outils, méthodes et suivis sont nécessaires pour favoriser des comportements plus économes et sensibiliser à la maîtrise des dépenses énergétiques ?

Zoom sur les enjeux de l’optimisation énergétique au sein des ménages, l’importance de l’accompagnement et quelques solutions concrètes pour les bailleurs sociaux et les professionnels de l’urbanisme social.

 

Comprendre la consommation énergétique des ménages

Le poids des dépenses énergétiques dans les foyers

Les dépenses énergétiques représentent une part significative des finances, surtout en contexte urbain où les coûts sont souvent plus élevés. En 2022, elles comptaient pour 9,5 % du budget des ménages selon l’édition 2024 des Chiffres clés de l’énergie. Cela représente en moyenne un budget de 1 744 € en énergie pour le logement, dont 1 039 € en électricité et 379 € en gaz naturel.

Infographie Observatoire Nationale de la Précarité Énergétique

Si on constate une légère tendance à la baisse de la consommation énergétique des ménages (efforts de sobriété, bouclier tarifaire…), le montant des factures de gaz et d’électricité est quant à lui en hausse constante sur les 20 dernières années. Reprise de l’activité économique post-Covid, conflit en Ukraine, crise inflationniste, fiscalité alourdie… sont autant de contributions à l’envolée des prix. Le résultat sur la facture d’électricité : un tarif réglementé du kWh qui est passé d’environ 15 centimes en 2019 à près de 23 centimes fin 2023, soit une augmentation de plus de 50 % en 4 ans.

Pour beaucoup, ces dépenses excessives mènent à une situation de précarité énergétique, où les ressources sont insuffisantes pour maintenir une température adéquate à la maison sans compromettre d’autres dépenses essentielles.

 

La précarité énergétique en parc social

« Le but d’un bailleur social, c’est de limiter les dégâts que crée la concentration de pauvreté dans les quartiers.”

Un chargé de DSU nous expliquant sa vision du métier.

En effet, les quartiers prioritaires affichent un taux de pauvreté moyen de 43,5 %, contre 14,6 % pour la France entière (2022, selon l’ANRU). Une situation qui ne va pas en s’améliorant au vu de l’augmentation constatée des prix du gaz et de l’électricité, auxquels s’ajoute l’évolution du prix de l’eau : +9% entre 2014 et 2021. C’est ainsi qu’environ 36% des ménages en parc social sont en situation de précarité énergétique (chiffre de 2022, selon l’Union Sociale pour l’Habitat). 

Cette réalité met en évidence l’urgence de trouver des solutions pratiques pour réduire les factures énergétiques. Une gestion des ressources maîtrisée avec des choix éclairés de consommation est toujours freinée par un manque d’information. Un accompagnement devient alors nécessaire pour permettre aux ménages de trouver des marges de manœuvre pour baisser leur facture, et renforcer leur contrôle perçu.

 

L’importance de l’accompagnement pour une consommation raisonnée

Instaurer une relation durable

“Si la communication […] est susceptible de faire évoluer les attitudes, croyances et opinions, comme on le sait, des idées aux actes il peut y avoir un décalage, voire, dans certains cas, un gouffre.”

Robert-Vincent Joule & Françoise Bernard (2004)

En d’autres termes, la simple transmission d’information, la simple communication est importante : elle permet une hausse de la prise de conscience et un changement  de réflexe. Mais elle n’entraîne pas à elle seule des changements de d’habitude.

Une transition réussie et des usages durables s’obtiennent rarement par des actions isolées : ils nécessitent une relation de confiance entre les résidents et les agents de terrain.

Favoriser la conduite du changement

La conduite du changement, c’est : 

  1. Une prise de contact en direct
    Elle permet d’adapter son message à la personne en face de soi, et ainsi de s’appuyer sur les motivations propres à chaque individu. Cela permet également d’entrer dans un dialogue, où l’habitant se sent écouté et a le sentiment qu’on prend en compte ses freins.
  2. Un dialogue suivi
    Les expérimentations de marketing individualisé, une technique fondée sur un accompagnement personnalisé dans le temps, qui a été surtout testée dans le domaine de la mobilité avec des résultats très concluants, confirment l’importance de la récurrence du contact, du dialogue et du suivi pour favoriser un changement de pratiques.
  3. Le pouvoir du feedback
    Un feedback à l’habitant des conséquences de ses actions, de ses efforts sur sa consommation, sa facture, son empreinte carbone etc. est également un outil puissant pour renforcer la motivation.

 

Ces démarches ne sont pas seulement des solutions techniques ; elles contribuent à créer un changement d’habitudes et à encourager une consommation responsable. De plus, l’accompagnement améliore le lien entre les résidents et les organismes d’habitation, favorisant un engagement durable. 

Le cas Emmaüs Solidarité

Chez Terravox, nos actions sur le terrain nous ont permis d’aborder des cas concrets, qui nous permettent de constater les effets que crée cet engagement de la part des bailleurs sur la consommation énergétique et le bien-être des résidents.

Entre avril 2023 et décembre 2023, Emmaüs Solidarité a sollicité Terravox pour mener une campagne de 2 visites conseil à domicile chez 25 locataires :

  • La première visite avait pour objectif d’interroger les pratiques et usages de consommation d’énergie des locataires afin de leur donner des conseils et astuces personnalisés pour maîtriser leur budget eau et énergie.
  • La seconde visite consistait à évaluer la consommation après l’adoption des éco-gestes préconisés et à orienter les locataires, le cas échéant, vers les aides économiques disponibles (ex : chèque énergétique).

Les résultats :

À la fin des visites à domicile, 100% des foyers se sont engagés à mettre en place un ou plusieurs éco-gestes pour réduire leur consommation d’énergie. Grâce à l’accompagnement dans la durée, 7 foyers sur 14 qui n’avaient pas souhaité s’engager lors de la visite 1 ont fini par prendre un engagement. 
Les locataires ont bien compris le message de sensibilisation : tous ont pris des engagements par rapport aux principaux postes énergivores de leur foyer. Il s’agit de mettre en place une logique des petits pas.

Eu égard aux circonstances actuelles de flambée de prix de l’énergie, les visites conseils à domicile s’avèrent utiles pour accompagner les foyers. Les résultats du suivi démontrent l’impact de la sensibilisation et de la distribution de matériel économe pour favoriser l’adoption de nouveaux comportements par les locataires.

 

Optimiser la consommation énergétique pour améliorer le pouvoir d’achat de vos résidents

Les outils et méthodes à mettre en place

  • Un audit pour diagnostiquer les sources de déperdition d’énergie et repérer les zones d’amélioration. C’est une première étape essentielle pour des rénovations ciblées et efficaces.
  • L’installation de compteurs connectés ou intelligents pour permettre aux résidents de suivre en temps réel leur consommation et de repenser leur usage de l’énergie.
  • L’investissement dans l’isolation des bâtiments, les fenêtres à double vitrage et la modernisation des systèmes de chauffage et d’eau chaude, pour réduire les factures d’énergie pour l’ensemble de la résidence.
  • La mise à disposition de conseillers en économie d’énergie, qui offrent un suivi individualisé aux foyers. Ils aident à mieux comprendre les factures, à optimiser la consommation et à profiter des aides disponibles.
  • L’organisation d’ateliers pour les résidents autour des économies d’énergie et de la gestion de leurs équipements domestiques, pour changer durablement les habitudes.

Watt Watchers : la sobriété énergétique pour plus de confort

Éligible aux certificats d’économies d’énergie (CEE) et soutenu par le gouvernement sur la période 024-2027, le programme Watt Watchers permet d’accompagner les usagers vers la sobriété énergétique, tout en réduisant l’investissement financier. Il vise à répondre aux enjeux de diminution de la consommation d’énergie, grâce à un accompagnement sur mesure et mesurable. 

Application Watt Watchers

Le programme Watt Watchers allie économie et écologie, tout en préservant le confort des foyers français, via 2 leviers : 

  • Aider les habitants à identifier les actions les plus efficaces pour réduire leurs factures et faciliter l’accès à la sobriété énergétique, y compris pour les foyers les plus précaires.
  • Faciliter le passage à l’action en proposant un accompagnement sur mesure et mesurable, que ce soit à travers des écogestes simples, des équipements économes ou des travaux de rénovation.

Les avantages pour les chargés de DSU : 

  • L’amélioration du cadre de vie dans vos résidences
  • La baisse de la facture énergétique des habitants
  • La réduction des impayés énergétiques

 

Optimiser la consommation énergétique est un enjeu de taille pour les chargés de Développement Social Urbain et les bailleurs. En accompagnant les foyers vers une meilleure maîtrise de leur énergie, vous agissez pour le bien-être social, l’environnement, et pour aider les ménages à sortir de la précarité énergétique. Les actions de sensibilisation, l’accompagnement personnalisé et les dispositifs de rénovation sont autant de leviers à mobiliser pour des résultats concrets.

Au-delà des économies financières, la gestion raisonnée de l’énergie apporte aux familles un cadre de vie plus sain, plus confortable, et contribue à renforcer la cohésion sociale dans les quartiers. En fin de compte, optimiser la consommation énergétique, c’est bâtir des communautés plus résilientes, plus autonomes et prêtes à relever les défis environnementaux de demain.